Interview de Cristobal Reyes : " le torero doit pouvoir lidier les toros avec la meilleure pureté possible"

"C’est vrai qu’il y a des ganaderias avec des particularités différentes mais le torero doit pouvoir lidier les toros avec la meilleure pureté possible"

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Cristobal Reyes Hormigo est né le 27 septembre 1997 à Jerez de la Frontera. A l’âge de 9 ans, il entre à l’école taurine de Jerez de la Frontera dans l’espoir de devenir figura del toreo. Adepte des festivals taurins populaires dans sa région, l’Andalousie, Cristobal Reyes s’est forgé un caractère de guerrier en toréant tous types de bétail. Après avoir perfectionné son toreo avec le maestro José Luis Galloso au Puerto de Santa Maria, le novillero andalou a débuté en novillada piquée à Riscle face à du bétail d'Albaserrada.

Mundillo Taurino vous propose de découvrir Cristobal Reyes, un garçon attachant qui tente de se frayer un chemin dans le circuit taurin. 

Cristobal reyes 1Peux-tu te présenter à nos lecteurs?

Je suis Cristobal Reyes, un jeune originaire de Jerez de la Frontera qui a l’espoir de devenir torero pour chercher le bonheur que je trouve seulement dans cette profession.

Où as-tu appris la profession?

J’ai commencé à apprendre la tauromachie au contact de mon grand-père qui était très aficionado. A la maison, on regardait beaucoup les toros à la télévision et cela m’a vite interpellé. J’ai décidé de m’inscrire à l’école taurine de Jerez de la Frontera où je suis devenu apprenti torero.

Cristobal reyesTu as torée pas mal de novilladas sans picadors en Andalousie, ta région. Comment s’est passée cette étape de ta carrière ?

En Andalousie, j’ai torée dans les classes pratiques de l’école taurine, d’initiation. Cela m’a beaucoup servi pour apprendre le métier et acquérir de l’expérience. Ensuite, en 2016 j’ai pu faire 16 paseos en novilladas sans picadors. J’ai également eu l’opportunité de venir en France comme vous avez pu le voir l’an dernier (Roquefort, Rion des Landes, St Sever).

Je crois savoir que tu torées régulièrement dans les festejos populares où tu affrontes des toros de cinq ans voir plus. Pourquoi faire cela ?

Je fais cela car je n’ai pas les moyens économiques de pouvoir me préparer au campo et c’est nécessaire de savoir si je suis capable de me mettre devant un toro. Cela me pousse à aller dans ces types de festivals populaires, qui ne sont pas les plus faciles mais qui sont vitaux pour moi, pour ma préparation.

Cristobal ReyesCela veut dire qu’il est difficile de tienter dans les ganaderias?

Dans ma région oui (Andalousie), nous avons beaucoup de ganaderias mais c’est très difficile de pouvoir tienter en étant invité. En général, ce sont les matadors ou novilleros dans un bon moment qui vont tienter. Les novilleros comme moi, humbles, nous n’avons pas nos entrées dans ces tentaderos et cela nous coûtent beaucoup de pas pouvoir nous préparer. Je dois chercher les opportunités partout où elles se présentent.

Tu peux nous raconter tes débuts en novillada piquée, était-il difficile de trouver une arène qui veille t’offrir cette opportunité?

Je n’ai jamais cherché le début en novillada piquée, mais simplement, dans la situation d’arrêt dans laquelle j’étais et comme j’avais déjà torée beaucoup en sans piquée, je devais prendre la décision de débuter. Fernandez Meca m’a offert cette opportunité grâce à mon ami Christian Lamoulie qui m’a aidé à entrer au cartel de la novillada de Riscle. Avec la novillada de Albaserrada, ce n’était pas facile de trouver des novilleros. Les organisateurs ont fait appel à moi et j’ai répondu favorablement avec grand plaisir. La novillada peut être n’importe où avec n’importe qu’elle ganaderia, pour moi cela m’est égal tant que je torée, je suis content.

Cristobal reyes 1Comment tu t’es préparé à tes débuts en piqué sachant que tu allais affronter une ganaderia si exigeante ?

Ma préparation a été la même, comme toujours, je ne la change pas. Peut-être que la mentalisation a été différente parce que j’étais préparé dans la manière de voir le toro pour passer d’eral à utrero. Mon travail s’est aussi focalisé sur l’aficion française auprès de laquelle se trouve le futur des novilleros dans mon cas, avec des plazas qui payent ce qu’ils nous doivent. Lorsque tu es bien, on te répète et on apprécie les grands efforts.

Cristobal ReyesQuel est ton concept de tauromachie, on voit maintenant que tu torées des novilladas dîtes dures. Comment la conçois-tu ?

Mon concept de toreo est un concept classique mais avec le plus d’engagement possible. Qui suis-je pour dire si une corrida ou une novillada est dure ou facile ? C’est vrai qu’il y a des ganaderias avec des particularités différentes dont les comportements sont distincts. Mais le torero doit pouvoir « lidier » les toros avec la meilleure pureté possible, en cela mon concept ne change pas.  Que ce soit des Nuñez del Cuvillo ou des Cebada Gago, je reste fidèle à mon toreo.

Parlons de cette aficion française. Qu’est-ce que tu penses d’elle ?

J’aime beaucoup étudier l’histoire de la tauromachie, ses racines. Je crois que la tauromachie en France c’est le combat entre une bête et une personne, un humain comme les gladiateurs à l’époque. Je comprends ce concept d’émotion qu’a besoin de voir l’aficion française. C’est différent de l’Espagne, ni pire ni meilleur, simplement différent et il faut respecter cela. Cette idée que cherchent l’aficion française et ma mentalisation ont été construite à partir de cela, pour pouvoir lui donner ce qu’elle recherche. Si les gens payent leur entrée, ils doivent sortir satisfaits des arènes.

Cristobal reyes hNous avons vu que à Riscle, tu as soigné ta lidia, ta manière d’amener le toro au cheval… Cela est en train de disparaître surtout chez les novilleros mais toi tu donnes beaucoup d’importance à cela, pourquoi?

Oui pour moi, l’acteur principal de la Fiesta est le toro, et je crois qu’il est important de montrer si le toro est réellement brave ou non. Moi, en tant que torero, cela ne me dérange pas de mettre le toro devant le cheval plusieurs fois pour que le public apprécie ses qualités. Je crois que la lidia totale est meilleure pour tout le monde.

Puis en fin d’année 2017, tu as eu l’opportunité de toréer à Guadarrama où tu as coupé 2 oreilles…

Oui, après la novillada de Riscle, j’étais à l’arrêt total, je n’avais pas d’apoderado, je n’avais rien, seulement la grande aide de Christian Lamoulie, ici en France. Les organisateurs de Guadarrama avaient vu ma prestation à Riscle et ils m’ont offert cette opportunité. J’étais dans la nécessité de triompher et je voulais démontrer que je veux être torero. C’est une féria qui a une répercussion dans le monde de la novillada. Ce triomphe me servira pour l’année prochaine. Je vais commencer cette année 2018 d’une manière différente, avec beaucoup d’illusions.

Cristobal reyes 2Parlons de l’an prochain, ce résultat te donne un peu de crédit et une meilleure chance de t’affirmer avec de nouvelles opportunités non?

J’espère que l’an prochain je vais pouvoir toréer un maximum. Les empresas qui veulent me contacter, je serais enchanté leur répondre favorablement car je veux toréer ! Ici en France, c’est toujours un plaisir que les gens reconnaissent vos efforts, chaque fois que je viens ici, je me sens bien. Je veux également toréer en Espagne, mais sans apodérado et sans avoir une force à l’intérieur du monde des toros, c’est très difficile. Or, moi j’ai juste ma muleta et mon espada comme apoderado, rien d’autres.

DERNIERE NOUVELLE : Je suis sur le point de signer un apoderado d’Espagne. Cette nouvelle va être officiellement annoncée courant janvier 2018.

Photos : Christian Lamoulie et Jean Dos Santos

Propos recueillis par Jean Dos Santos

Date de dernière mise à jour : Jeu 11 jan 2018