Imanol Sánchez est né le 6 novembre 1988, il fait son premier paseo en public le 11 juin 2006. Il débute avec picadors à Sangüesa (Navarre), le 17 septembre 2008 et il se présente le 1er mai 2013 à Las Ventas, face à des novillos de El Montecillo où il partage le cartel avec Emilio Hertas et Juan Millan. Imanol Sánchez a pris l'alternative, le 9 septembre 2013 à Catalayud, des mains de Javier Castaño et d'Alberto Aguilar comme parrain.
Bonjour Imanol, peux-tu te présenter pour les personnes qui ne te connaissent pas ?
J’ai 29 ans, je suis de Zaragoza mais j’ai grandi dans une petite ville entre l'Aragon et la Navarre. Ma carrière s’est construite essentiellement avec des ganadérias dures. J’ai lidié des fers légendaires comme Miura, Palha, Adolfo Martín, Los Maños, Dolores Aguirre, Valdellan, Raso de Portillo, ou Cebada Gago entre autres, beaucoup de celle-ci en France : Parentis, Orthez, Parentis, Carcassonne, Hagetmau ou Céret
Tu as très peu de contrats, dans les moments difficiles dans laquelle se trouve la tauromachie actuellement, comment vis-tu et ressent-tu cela ?
C’est extrêmement dur à vivre, beaucoup de jours de frustration et de désillusion mais je n’arrête jamais de m’entraîner. C’est réellement dur, appeler et s'entendre dire "non ce n'est pas possible". C’est également difficile quand on te dit nous allons en parler et après tu vois les cartels sortir et ils ne t’appellent même pas pour te le signifier que tu ne vas pas toréer. Il est difficile de ne pas pouvoir tienter dans des ganaderias car tu toréais peu. Malgré tous, la passion et l’amour pour ma profession, le fait de pouvoir compter sur le soutien de milliers de personnes sur les réseaux sociaux ainsi que des ganaderos comme D. José Arriazu, Javier Joven, Hnos. Ozcoz ou Josean Murillo, permettent à un torero de continuer à y croire.
Ta temporada a été courte, avec seulement un paseo et un festival, mais intense en émotion et en triomphe, comment analyses-tu cela ?
Je suis convaincu que c’est l’objectif jusqu’à que la situation s’améliore : montrer chaque jour la meilleure version de moi, être autocritique, chercher le moindre bout d’espoir dans n’importe quel endroit, et lorsque arrive une opportunité, il faut la saisir et tout donner. Cela a été mon détonateur durant ces temporadas. Je toréais peu mais dans chaque arène où j’ai foulé le sable, j’ai triomphé. Le plus important c’est que j’ai été entouré de centaines de personnes qui me voient comme une personne de leur famille, comme une part de leur histoire et pas seulement comme un torero.
Comment résumes-tu tes premières années de matador de toros ?
Beaucoup d’apprentissage et de responsabilité. Chaque après-midi se termine par un triomphe, cela ne sert pas mais si tu le fais pas, les choses n’avancent pas. Il est vital pour moi de couper des oreilles et de triompher. Je cherche à avoir plus de maturité dans mon toreo et à le faire évoluer constamment. Il me manque la tension des corridas dures et l’admiration du public qu’un torero reçoit lorsqu’il est au cartel de ces corridas. C’est une motivation pour moi de savoir que je vais toréer en France et ne pas y toréer depuis quelques années me manque.
Comment sera le futur d’Imanol Sanchez ? Tes projets ? Comment se présente la temporada 2018 ? Y aura-t-il des changements ?
La temporada 2018 est une véritablement inconnue. Quand on est indépendant et que l’on ne possède pas d’arènes, c’est très difficile de toréer. J’ai l’espoir de pouvoir revenir en France et de refouler le sable des arènes de Zaragoza. C'est une arène de première catégorie où lors de mes débuts comme matador, j’ai coupé une oreille en 2015. Depuis je n’ai pas eu d’autres opportunités même si je me le suis gagné dans le ruedos. Pour cela, je dois continuer à travailler pour retourner en France et à Zaragoza et démontrer mon évolution et que je suis là réellement.
Tu toréais essentiellement des corridas dures, que peux-tu dire sur cela ?
Elles obligent beaucoup d’exigence, cela te donne de la peur, beaucoup de responsabilité et vendent d’avantage le triomphe. Dans certaines occasions, le public ne comprend pas qu’à ce type de corridas, on ne peut pas réaliser de faenas esthétiques. Mise à part cela, c’est ma manière de voir le toreo, tirer le maximum de chaque toro indépendamment de sa condition et tout donner face à lui. Lorsque cela est atteint, le triomphe et la réponse de l’aficionado est très réconfortante.
La France t'a ouvert ses portes comme novillero, moins en tant que matadors, que peux-tu dire de l'aficion française? Tu souhaites revenir comme matador de toros?
Je ne peux faire que des éloges de l'aficion française. Lors de mon étape de novillero, ils m’ont traité comme un torero important, ils m’ont donné des opportunités. La manière qu’ils ont de gérer leurs férias, c’est un exemple utopique que l'oon pourrait suivre en Espagne. Bien sûr, la formule française permet le maintien vivante des arènes. Du fait de venir comme matador en France, que dire, oui j’aimerais venir, nous sommes en train de travailler avec mes apoderados pour pouvoir entrer dans des ferias importante comme Vic, Ceret ou Orthez… Nous savons que cela est très compliqué parce qu’il y a beaucoup de torero pour un nombre limité de postes, mais nous sommes convaincus que mon toreo et mon évolution peuvent plaire en France et surprendre à nouveau. C’est un défi.
Imanol Sanchez est un torero actif sur les réseaux sociaux. On te voit proche des aficionados autant aux arènes, que sur les réseaux, c’est important pour toi ?
Oui c’est très très important. Egoïstement sentir leur soutien est une manière de ne pas penser a laisser ma profession. Si tu te sens torero, même modeste comme moi, il faut sentir la profession, et si tu sens la profession, tout se comprends. C’est la meilleure manière de défendre la tauromachie, et enseigner ses valeurs.
Quel est ton concept du toreo ?
J’ai toujours eu un toreo très puissant (poderoso), pour pousser les toros en avant et les toréer au maximum. Je travaille également, à exprimer plus de goût et à jouer plus avec les hanches. Mon attout majeur face au toro, c’est l’ambition et la décision.
Qui est ton apoderado à ce jour ?
Deux personnes louables, qui sont à mes côtés parce qu’ils croient en moi grâce à mes valeurs en tant que personne. L’un d’eux est Marcos Francoy, qui ne sait pas comment il est arrivé là (rires), c’est un avocat reconnu, il lutte pour que je puisse toréer mais il me suit de prêt et appelle des vingtaines de fois le même empresario pour voir s’il se rappelle de nous. Mon deuxième apoderado est Jorge Lozano Il a été novillero dans sa jeunesse et a ensuite présidé pendant plusieurs années la Peña Taurine de Huesca Il a également eété le directeur de l’Ecole Taurine.
Quel est le quotidien d’Imanol Sanchez ? Comment se passe sa préparation physique et mentale ?
Gâce à la Direcciones de Lidia, je peux m'entraîner dans les événements populaires de ma région, je peux du toro. Cela me donne beaucoup de liberté pour m’entraîner tous les jours, matin et après-midi. Normalement, je dédie ma matinée à courir 8 ou 10 kilomètres ensuite je toréais de salon avant une coupure pour manger. Ensuite, je pars parfaire mon entraînement physique jusqu’à 8h du soir. Après avoir dîner, je dédie plusieurs heures aux réseaux sociaux, j'essaie de mettre en place des stratégies avec mon équipe et ensuite dans mon lit je dédie un peu de temps à lire différents thèmes : littérature taurine, marketing, psychologie.
Imanol Sanchez en un mot ?
Résilients
Un triomphe ?
Deux : PAMPELUNE devant une corrida de Miura et ZARAGOZA lors de la Feria del Pilar.
¿ Un encaste?
Santa Coloma
Pour terminer, souhaites-tu dire quelques choses de plus ? Dire merci à quelques personnes publiquement ?
Oui, à toutes les personnes qui me soutiennent à travers leurs commentaires sur les réseaux sociaux. Elles deviennent mon essence pour ne pas succomber à l’ostracisme dans lequel nous pousse ce système taurin. Je remercie toutes les personnes qui viennent me voir chaque fois que je foule le sable d’une arène. Je remercie également toutes les personnes qui tentent de me faire arrêter, parce que je vais leur montrer que le travail et la lutte permet de faire tourner la roue.
Merci beaucoup de nous avoir accorder ces quelques minutes pour répondre à nos questions, nous te souhaitons une excellente temporada.
Merci à vous, de me faire connaître davantage par les aficionados français. Je les invite à observer ma vie quotidienne à travers mes profils sur les réseaux sociaux. Abrazos.
Photos de : Joel Buravand et Archives Imanol Sanchez
Propos reccueillis par : Anaïs Cazenave