Alors que l’année 2018 se termine, il est temps de faire un bilan de cette Temporada ! Il est clair que cette année marquera un tournant dans le monde taurin. Celui-ci s’est vu retirer Juan José Padilla, véritable gladiateur des temps modernes qui avait perdu un œil à Zaragoza, lors d’une tarde d’automne en 2011 face à un toro d'Ana Romero. Depuis cette date, Padilla faisait parti des toreros qui remplissaient les arènes. C'est un torero qui aura marquée l'histoire de la tauromachie qui prend une retraite bien méritée !
Alejandro Talavante, lui aussi, a décidé de tirer sa révérence après deux échecs lors de la Féria de Otoño 2018 de Madrid.
Comment ne pas rendre également hommage à Juan Bautista qui quitte également les ruedos en cette fin d’année 2018 ? Avec une carrière qui fêtera ses 20 ans d’alternative l’an prochain, l’arlésien a écrit l’une des plus belles pages de l’histoire taurine française avec notamment 3 sorties en triomphe des arènes de Las Ventas. Une carrière importante donc, où le français a eu le mérite de se mesurer à tous types de ganaderias et d’encastes. Sans aucun doute, Juan Bautista manquera à l’aficion française mais son nouveau rôle d’organisateur au sein des arènes d’Arles nous permettra de le revoir dans un autre rôle.
Enfin il ne faut pas oublier Alberto Aguilar, dans l’obligation d’abandonner la profession suite à une blessure reçue en 2013 à Cali. Les organisateurs n’ont pas su rendre l’hommage qu’il méritait avec seulement 3 petites corridas cette année. Sa détermination, son courage et son sens de la lidia aura permis au torero madrilène d’obtenir la reconnaissance générale et le respect des aficionados a los toros.
Qui dit bilan, dit remplissage : il faut dire qu’il y a un phénomène que l’on observe de plus en plus : les figuras ne remplissent plus les arènes ! Que ce soit El Juli, José Maria Manzanares, Alejandro Talavante, El Fandi, Sébastien Castella, il est difficile de remplir les arènes juste avec leur nom. Même si Roca Rey ou Ponce gardent la côte, les aficionados semblent chercher un peu de variété et d’originalité dans les affiches proposées. Quand Roca Rey se mettra-t-il devant du bétail autre que Domecq ? A quel moment José Tomas fera son retour pour une saison pleine ? Les figuras d’aujourd’hui peuvent-elles se mesurer aux révélations actuelles (De Justo, Chacon, Pablo Aguado, Alvaro Lorenzo…) face aux ganaderias qui les ont révélés (Victorino Martin, Pedraza de Yeltes, Adolfo Martin…) ?
Cela pourrait être l’une des clés de la saison prochaine pour apporter de la variété dans la confection des cartels et redonner de l’intérêt au public. En tout cas, il y a quelques raisons d’y croire…
Au niveau des toros, on a pu voir des corridas intéressantes avec les Pedraza de Yeltes (Dax, Vic-Fezensac, Béziers), Victorino Martin (Nîmes, Dax), La Quinta (Mont de Marsan, Bayonne, Châteaurenard) et Cura de Valverde (Istres, Aignan). Ces quatre ganaderias sont pour moi, celles qui auront proposé les meilleurs lots, donnant du jeu et de l’intérêt dans les trois tercios.
Pour les novilladas, Pedraza de Yeltes aura encore rendu la confiance accordée par les organisateurs de Garlin, avec un lot intéressant. Les ganaderos français auront également montré qu’ils possédaient des novillos intéressants avec des lots notables à Nîmes, Arles ou Vergèze. Bon lot également de Virgen Maria à Istres où la novillada faisait son retour avec succès pour la Féria. Intéressants José Cruz à Dax et Los Maños à Bayonne. Parentis a également présenté un bon lot d'Aguadulce, donnant de l'intérêt pour l'aficionado. Enfin un petit mot sur les organisateurs de Roquefort qui ont su respecter le toro bravo et limpio, présentant un magnifique lot de Conde de la Maza malgré sa taille démesurée pour la catégorie.
Le point noir reste la présentation de certains toros lidiés dans des arènes de première catégorie, qui manquent de trapio et d’armures. En première ligne la ganaderia Garcigrande qui a présenté des lots (Mont de Marsan/Nîmes), en dessous du rang de ces deux arènes.
Toro de Garcigrande lidié à Mont de Marsan (18/07/18)
Chez les triomphateurs de la Temporada 2018, deux hommes se détachent incontestablement : Emilio de Justo et Octavio Chacon. Dans l’ombre la plus totale il y a encore un peu plus de deux ans, les deux triomphateurs de l’année ont effectué une temporada très importante. Des triomphes à Las Ventas, Dax, Mont de Marsan, Azpeitia et plusieurs après-midi importants comme à Pamplona, Vic-Fezensac ou Nîmes pour Emilio de Justo, et des triomphes à Pamplona, Nîmes, Saint Martin de Crau , des tardes importantes à Las Ventas, Mont de Marsan et Dax pour Octavio Chacon. Ces deux-là ont gagné au prix du sang leur légitime place pour la prochaine Temporada qui devrait leur permettre de connaître la Temporada la plus complète de leur carrière.
Derrière on retrouve Diego Urdiales, qui, avec peu de contrats, a réussi deux triomphes majeurs : Bilbao et Madrid. Des succès importants et incontestables qui vont remettre le torero de La Rioja à la place où il devait être. A confirmer l’an prochain. Alvaro Lorenzo fait lui aussi partie des triomphateurs de l’année avec des sorties a hombros à Madrid et Zaragoza.
On n'oublie pas le français Sébastien Castella, triomphateur lors de la San Isidro 2018 face à un lot de Garcigrande. Triomphes également à Arles pour la goyesque et Nîmes pour la corrida mixte. Ce sont les 3 succès majeurs du Français en 2018
Il y aura eu également des satisfactions dans nos arènes françaises avec notamment la double prestation de Daniel Luque à Dax et Bayonne qui se sont conclues par un triomphe. Lopez Chaves nous a rappelé ses meilleurs moments à Vic-Fezensac lors de la corrida concours. Juan Leal a également triomphé à Béziers face aux Pedraza de Yeltes et à Istres face aux Cura de Valverde. Même si cela s’est passé de l’autre côté de la frontière, sa prestation à Bilbao reste l’une des plus épiques de cette temporada. Il faudra compter sur lui en 2019. Outre frontière également, l’oreille obtenue par Thomas Dufau qui vient redonner des couleurs à la carrière du landais, qui se présentera l’an prochain avec de nouveaux objectifs.
Côté novillero, la hiérarchie est moins facilement établie. Adrien Salenc présente pour moi le meilleur bilan avec une année couronnée de succès notamment à Nîmes, Bayonne et Zaragoza où il s’offre une sortie par la grande porte. Derrière il est difficle de détacher quelqu'un :
Chez les français, Dorian Canton a connu une première temporada dans cet échelon très satisfaisante au vue de son jeune âge et du déficit d’expérience en comparaison avec ses compagnons de cartel. Il devrait rester l’un des principaux protagonistes en 2019 pour une confirmation attendue. Ensuite viennent Baptiste Cissé (2 oreilles à Dax), Maxime Solera (triomphe à Istres et actuations notables en Espagne tout le long du mois de septembre) et Kike (triomphe à Vergèze pour son unique actuation 2018). Il faudra les revoir l’an prochain. Carlos Olsina, Tibo Garcia et Juan Molas, intéressants tous les trois, n’ont pas eu beaucoup d’opportunités cette année mais on rappelait qu’il ne fallait pas les oublier. Plus discret en revanche, Vincent Pérez et El Adoureño, ce dernier réalisant une saison en demi-teinte et un lendemain d’alternative qui s'annonce difficile à gérer.
Chez les novilleros étrangers, il est également compliqué de sortir un novillero du lot. On peut noter les deux pépites révélées par la Commission Taurine de Garlin : Alejandro Mora et Antonio Grande. Deux novilleros avec beaucoup de qualités qu’il faudra revoir l’an prochain. Manuel Diosleguarde, très en vue en sans picadors, reste inédit en France malgré de nombreux succès dans son pays. Il termine l'année avec 11 novilladas pour 24 oreilles
Cristobal Reyes, Aquilino Giron, Francisco de Manuel et Angel Tellez sont également à revoir après une temporada intéressante.
Pour conclure ce bilan de la Temporada 2018, je voudrais laisser une pensée à Manolo Vanegas, grièvement blessé par un toro à Puerta Cerrada alors qu’il préparait son engagement de Vic-Fezensac.
Photos : Mélanie Huertas, Victoria Bordes, Romain Tastet, Jean Dos Santos
Coup de coeur/Coup de Gueule : La Temporada 2018 de la redac'
Jean Dos Santos