Arles
Toros de Garcigrande (1°, 2°, 3° , 4°, 5°, 5°bis, 6°, 6°bis) et José Luis Pereda (6tercero) pour
Sebastien Castella : Oreille après un avis et Oreille après deux avis
José Maria Manzanares : Ovation et Ovation après un avis
Alberto Lopez Simon : Oreille et Oreille
Album photos de la corrida ICI par Elisa Martinez Garré "Lagartija Chica"
La première corrida de la Feria de Pâques, qui a eu lieu sous un beau soleil laissant place le soir à une petite fraicheur, a vu la double sortie a hombros de Sébastien Castella et Alberto Lopez Simon.
Une sortie a hombros qu’il faut relativiser, non pour le biterrois qui s’est comporté comme la figura qu’il est, mais pour le jeune espagnol qui, je dois l’avouer, m’a un peu laissé sur ma faim.
Côté bétail, les toros de Garcigrande sont sortis sosos pour la plupart, affichant des forces limitées et manquant de race, à l’exception du quatrième et surtout du cinquième bis, premier sobrero, qui relevèrent cette sauce un peu fade. Le cinquième fut changé pour une boiterie pas si flagrante que ça et remplacé par un sobrero du même fer. Le sixième se cassa une patte au second tiers et fut lui aussi remplacé par un sobrero du même fer, lequel se cassa aussi une patte au second tiers et fut remplacé par un toro de José Luis Pereda affichant lui aussi bien peu de race. Le sol de la piste n’était-il pas un peu trop dur hier ? Pour en finir côté bétail, tous les toros furent piqués assez légèrement, la seconde rencontre se réduisant souvent à un picotazo symbolique.
Sébastien Castella a assuré hier que son statut de figura n’était pas le fait du hasard. Certes on pourra mettre en avant le peu d’opposition, mais on peut dire qu’il fabriqua ses toros à partir d’un matériau sans grande consistance. Le premier, abanto de salida, fut finalement capté pour quatre véroniques et demie, puis après passage par le cheval, invité par le biterrois à un quite par chicuelinas et demie. Face à ce toro un peu faiblard, Sébastien fit le maximum, à droite où le bicho avait une charge correcte et surtout à gauche où il lui allongea la charge en tirant le bras à la perfection, s’aidant parfois de l’épée. Quelques trincherillas bienvenues agrémentèrent la faena conclue par manoletinas et une entière caidita. Oreille.
Le quatrième était un bon toro, noble, de bonne humiliation, auquel il manqua juste une pointe de forces. Sébastien sut l’accueillir par bonnes véroniques, chicuelinas et demie, le fit piquer à la hauteur de ses forces pour ensuite l’inviter au quite par tafalleras, faroles et gaoneras. Initiée par deux passes cambiadas au centre, la faena crut en intensité, l’emprise du torero sur l’animal se faisant de plus en plus grande au fil des muletazos jusqu’à un final encimista où le biterrois fit ce qu’il voulut du toro, se l’entourant à la ceinture, intercalant ici une passa cambiada et là une pedresina. Après une bonne entière un poil latérale portée al encuentro, le Garcigrande tarda à tomber et n’y consentit qu’après un descabello sans effet. La pression retombée, la récompense se réduisit à un trophée où il aurait pu y en avoir deux. Arrastre applaudi.
José Maria Manzanares eut du mal à capter le second et la réception se réduisit à une véronique et une demie. Après deux légères rations de fer, Alberto Lopez Simon entra au quite par deux véroniques et demie sans grand éclat. Le torero d’Alicante tenta ensuite d’animer son fade opposant, et y parvint parfois avec la classe qu’on lui connaît, dessinant tout en douceur quelques muletazos ambidextres templés, mais hélas sans que jamais son travail ne puisse gagner en intensité. L’entière foudroyante en place déclencha une pétition d’oreille que le palco se refusa à valider (petite bronca). Salut au tiers pour le torero.
Le quinto fut renvoyé en chiquero pour une boiterie pas si évidente que ça et remplacé par un sobrero qui fut le toro de la course. Après réception par bonnes véroniques et revolera, José Maria fit piquer légèrement l’animal, ce qui lui conserva une bonne mobilité par la suite. Peut-être qu’une rencontre plus appuyée aurait pu le faire humilier davantage car il garda la tête haute tout au long de sa vie publique. La faena qui suivit fut d’inégale intensité, le garçon n’arrivant pas toujours à lier ses muletazos, sur un bord comme sur l’autre. Lorsqu’il parvint par moments à se confier, ses passes furent douces et profondes. C’est précisément à la fin d’une telle séquence qu’il fut pris sans conséquences lorsqu’il relâcha son attention. Demi-ration de fer en place pour finir. Salut au tiers.
Alberto Lopez Simon m’a un peu déçu. Certes, porté par un public acquis à sa cause depuis sa belle prestation istréenne, il a coupé deux fois une oreille et est sorti par la Puerta Grande, mais à chacune de ses prestations son répertoire est apparu des plus limités et il s’est tourné vers un toreo encimista et pueblerino pour conquérir les suffrages du public. Je doute, et j’espère pour lui me tromper, qu’avec un tel bagage il puisse s’inscrire dans la durée. Face au troisième, accueilli par delantales, véroniques et larga, puis peu piqué en deux rencontres, il fit preuve de temple et d’une certaine douceur dans les gestes, mais très vite on le sentit à cours d’inspiration et on le vit se tourner vers un toreo de proximité à base de cambiadas hasardeuses et de circulaires inversées. Pinchazo porté de loin, entière latérale et oreille.
Défilé de sobreros pour son deuxième combat, avec une triple parution de Tito Sandoval qui pique le sixième, puis le remplaçant et le remplaçant du remplaçant. Bref un épisode qui vira au comique, sans enlever à l’histoire l’excellent travail du lancier qui piqua très bien les trois fois. Le trasteo face à ce Pereda fut du même tonneau que la première prestation, et on vit à nouveau Lopez Simon user et abuser de la circulaire inversée et des passes cambiadas. Oreille après une entière correcte.
Sortie a hombros de Sébastien Castella et de Lopez Simon.
Album photos de la corrida ICI
Resena par Patrick Colleoni - Torobravo
Album photos par Elisa Martinez Garré "Lagartija Chica"
Photo de la sortie en triomphe par Justine Messina