Arles
Toros de Daniel Ruiz pour
El Juli : Ovation, Applaudissements et Deux oreilles
Andrés Roca Rey : Oreille après un avis, Oreille et Applaudissements
La pluie survenant peu avant le paseillo du matin a fait reporter la novillada matinale au mois de septembre pour la Feria du Riz.
L’après-midi, le beau temps revenu vit l’amphithéâtre déserté le matin se remplir d’une foule d’aficionados venus assister au duel entre El Juli, figura incontestable et installée, à la figura montante péruvienne, Andrés Roca Rey, auteur d’une triomphale campagne américaine, et qui s’impose partout où il passe en ce début de temporada.
Côté competencia, le public est resté sur sa faim, car de rivalité en piste il n’y eut point, chacun restant sagement à sa place tout en essayant (heureusement) d’afficher plus de valeur que son collègue. La tarde ne connut donc pas de duels au quites (à peine une intervention de Roca Rey sur le premier toro d’El Juli), chacun se contentant d’intervenir face aux toros lui étant désignés par le sorteo. Bref, pas de mano a mano mais une corrida de deux toreros aux styles différents, la technique d’El Juli contre l’élégance de Roca Rey. Dommage !
Quant au bétail de Daniel Ruiz, de belle présentation, des toros comme les aiment les figuras, nobles et maniables, souvent fades, à l’exception du sixième plus compliqué.
Le premier de la tarde fut accueilli par quelques bonnes véroniques et demie avant d’être présenté face au lancier pour deux rations de fer version light. Quite du madrilène par chicuelinas, tafalleras et revolera et réponse du péruvien par chicuelinas, tafalleras, larga et revolera. On en resta là ! Débutée par passes hautes pieds rivés au sol, la faena se poursuivit sur les deux bords et fut agrémentée de quelques détails sans que le niveau émotionnel ne dépasse la moyenne. Final par circulaires et luquecinas avant trois-quart de lame portés en « julipié » nécessitant trois descabellos. Salut au tiers.
Véroniques, chicuelinas et revolera pour la réception du troisième, piqué légèrement par la suite et pas de quite cette fois. Suivit une faena où El Juli débita du muletazo au kilomètre sans parvenir à faire passer la moindre émotion sur les étagères. Certes les passes furent comme d’habitude bien dessinées, à droite comme à gauche, mais la soseria du piéton fut à l’unisson de celle du quadrupède. Bref, on s’ennuya un peu jusqu’à l’estocade en deux temps d’exécution similaire à la première. Silence pesant.
Mais l’amour propre de Julian piqué au vif par les deux oreilles précédemment coupées par Roca Rey fit sortir le madrilène de sa réserve. Après quelques véroniques et demie de réception et deux rencontres pour le règlement, Julian se mit à l’ouvrage et donna plus de profondeur à ses gestes, à droite comme à gauche où il courut très bien la main, tirant l’animal aussi loin que pouvait s’allonger son bras et la flexion de sa ceinture. On nota un bel enchainement de circulaire inversée, circulaire et pecho avant des luquecinas paraphant l’ensemble. Bonne faena du garçon qui logea une grande entière tendida. Deux oreilles à la demande d’un public frustré par les deux précédentes prestations du garçon. Un seul trophée aurait été plus raisonnable mais le public a besoin de sorties par la Puerta Grande pour se rassurer d’être venu.
Andrés Roca Rey est un torero doté d’une indéniable élégance, de par son physique et la grâce de ses mouvements qu’on retrouva tout au long de la tarde. Face au second, il imprima beaucoup de lenteur et de douceur à son capote, tant lors de la réception par véroniques, demie et revolera, qu’au quite par tafalleras, caleserinas et demie après deux rencontres dont le bicho sortit seul. Débutée par statuaires, cambiada opportune et pecho, la faena gagna en intensité par des derechazos longs et templés, le passage à gauche s’avérant tout aussi concluant, le garçon glissant avec bonheur , le touttrincherilla par ci ou arruzina, achevant par quatre manoletinas dont deux de rodillas avant une bonne lame al encuentro portée au second assaut. Oreille.
Le quatrième fut reçu au fil des planches par une larga cambiada de rodillas, le garçon se remettant sur pieds pour dessiner véroniques, faroles, gaoneras et revolera. Après deux piqûres pour la forme, le jeune péruvien signa un quite par caleserinas et larga avant d’entamer sa faena par cambios por la espalda au centre. Hélas le bicho un peu faible s’avéra bronco et ses sautillements dans les muletazos nuirent à la douceur de l’ensemble. Roca Rey dut s’orienter vers un toreo encimista, empilant des passes en terrain réduit. L’entière a recibir, foudroyante, participa à l’obtention d’un trophée (protesté) qui jusque là ne se justifiait pas.
Le sixième, plus compliqué et plus exigeant, mit en évidence le côté lidiador du garçon qui lutta pour assurer sa domination. Sûrement le moment le plus intense d’une tarde d’un intérêt limité jusque là. Joli quite par saltilleras et gaoneras puis une faena où le jeune matador imposa sa loi à droite avant de changer de main pour allonger le parcours de l’animal sur le bord opposé. Sûr de lui, il sut se croiser et montrer au Daniel Ruiz qui était le patron. Il se permit même le luxe de glisser une paire de passes cambiadas et une arruzina en se mettant à la merci des cornes. Entière traserita. Silence.
Sortie a hombros des deux toreros, un final qui ne reflète pas vraiment la physionomie de la course.
Album photos de la corrida ICI par Patrick Colleoni - Torobravo et Elisa Martinez Garré "Lagartija Chica"
Reseña : Patrick Colleoni - Torobravo
Photos : Patrick Colleoni - Torobravo et Album photos d'Andrés Roca Rey par Elisa Martinez Garré "Lagartija Chica"
Photo sortie en triomphe de Justine Messina