Cette Féria 2016 aura été pour le moins décevante. Les toros ont manqué cruellement de caste et de fond laissant les toreros sans grandes options pour triompher.
Côté toro, le lot d’Alcurrucen, mal présenté, faible et décasté, a conduit les toreros à une grande bagarre pour essayer de sortir un peu de contenu. Ce jour-là le Juli n’a pas fait l’effort, Lopez Simon a eu de bons moments coupés par la faiblesse de ses adversaires et ses échecs à l’épée. Seul Andrés Roca Rey a réussi à transporter le public grâce à sa sincérité, son courage et son abnégation. Le jeune péruvien confirme la tendance en triomphant une nouvelle fois. Le lot de Nuñez del Cuvillo est mieux sorti avec de bons exemplaires (2e,3e). Mais le reste était inexploitable, Enrique Ponce a dû se battre pour pouvoir couper une petite oreille. Ne parlons pas du lot de Fuente Ymbro, intoréables, mansos, sans races. Seul, un sobrero sorti en 6e position a donné quelques sensations en fin de corrida.
Seulement, les corridas les plus attendues pour trouver des toros forts et donnants du jeu, étaient le samedi et dimanche avec les Cebadas et les Miuras. Il n’en fut rien. Le lot de Cebada n’a donné aucun jeu, n’a procuré aucune émotion à la pique et ce lot n’a rien transmis dans le dernier tiers. Pour les Miuras, plusieurs choses en cause : l’incapacité de la présidence à prendre une décision sans l’avis des « grands messieurs ». En cause un premier toro invalide, qui sort du toril avec du sang dans les narines et qu’on laisse combattre. Pour le reste, les toros manquaient de charge, étaient dangereux et n’offrirent pas de grandes possibilités aux matadors.
Il faut également souligner le mécontentement du plumaçon qui a sifflé à l’issue de la corrida du vendredi, du samedi et du dimanche en plus des fortes broncas contre le palco qui n’a jamais su prendre une décision autonome aux moments importants de la féria.
Il y eu tout de même quelques points positifs : les deux novilladas, un toro de Nuñez del Cuvillo, un Cebada Gago et deux toreros, Andrés Roca Rey et Alberto Lamelas.
Tout d'abord, la novillada sans picadors a été digne d'une plaza comme Mont de Marsan. Des erales sérieux, bien présentés, un bétail de qualité. Les apprentis toreros ont eu du mal à s'exprimer devant mais c'est le métier qui rentre. La novillada piquée, le samedi en nocturne, a marché convenablement avec un peu plus d'une demi-entrée et surtout avec un bétail de qualité et des novilleros concernés.
Le toro de Nuñez del Cuvillo est tombé dans les mains de Thomas Dufau. Cet exemplaire partait de très loin, il a réussi à transmettre et à tenir tout au long de la faena. Dufau à très bien torée mais n’a pas su l’estoquer. Or, il n’y a pas de triomphe s’il n’y a pas de « matador ». Une belle occasion que doit regretter le Landais. Tout comme Pérez Mota, lui, n’exploitant même pas les qualités évidentes de son toro de Cebada. Lui aussi partait de loin, il mangeait la faena de l’Andalou. Celui-ci préféra écourter sa faena pour être sûr de couper une oreille alors que celle-ci n’est jamais arrivée. Andrés Roca Rey est un guerrier. Il va au combat et met corps et âme dans tous ce qu’il entreprend. Il paye le prix de ses erreurs par des volteras mais rien ne le décourage et c’est grâce à ce courage qu’il triomphe en ouverture de la féria. L’autre torero de la Féria, ce fut Alberto Lamelas ! Après un premier combat encourageant mais un peu brouillon, il est revenu une seconde fois accueillir son second Miura à puerta gayola. Un grand mérite et la reconnaissance du Plumaçon entier après une terrible voltera qui se solda par deux coups de cornes.
Ce dernier moment, restera l’image que beaucoup garderons de la Féria. La rareté de ces moments nous amènera à conclure que la Féria n’a pas été un grand succès.
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Jean Dos Santos