Gamarde : Toros de Benjumea pour
Thomas Dufau : Oreille et Oreille
Juan Leal : Silence et Silence
Manuel Dias Gomes : Ovation et Vuelta
Arènes, couvertes et vitrées, quasi combles, deux heures 15 de spectacle, température agréables.
Six toros de Benjumea, agréablement présentés, de gabarit très modeste, plutôt faibles. Tous une pique, et pour certaines homéopathiques. Commodes à la muleta, mais sans jamais provoquer la moindre émotion dans les gradins…
Manuel Dias Gomes (rouge brun et or), au premier toro d’alternative, trois pinchazos, trois-quarts de lame, deux descabellos, avis et salut ; au dernier, une entière, salut et vuelta de despedida avec le sauteur landais Manuel Lataste.
Thomas Dufau (bleu marine funèbre et or), au deuxième, une entière, une oreille et vuelta avec le sauteur landais Manuel Lataste ; au quatrième, un pinchazo, une entière, une oreille. Sortie en triomphe.
Juan Leal (bleu marine printanier et or), au troisième, une demi-lame, silence ; au cinquième, deux pinchazos, une entière, silence.
Autour des arènes et dans le village, beaucoup de gendarmes, un site, à plus d’un kilomètre des arènes réservé aux anti-taurins. Pas la moindre manifestation dans l’environnement immédiat de la plaza.
Manuel Dias Gomes est devenu, hier, le quarantième torero d’alternative portugais… Et Gamarde-les-Bains est entrée dans le cercle, tout de même restreint, des villes ouvrant leurs arènes à la tauromachie espagnole. Ce fut une double alternative en pays landais. Une bien belle course, ou presque… Mais qui fera méditer les toreros et les organisateurs sur la présentation du toro. Certes on ne voulait pas des monstres, nous ne sommes pas des assassins mais un peu plus de présence en piste n’aurait pas nui aux trois garçons. A vouloir trop se protéger, on ne peut plus convaincre et lorsque l’émotion ne monte pas dans les tendidos, quand le frisson ne passe pas la barrera, on ressent une certaine frustration, pour ne pas parler de regret. Ces belles arènes de Gamarde-les-Bains méritent une tauromachie plus affirmée.
Mais revenons à cette rencontre. Manuel Dias Gomes, après avoir reçu muleta et épée des mains de Thomas Dufau, en présence de Juan Leal, semble placer la barre très haut. Il s’installe au centre, cite sur les deux mains, ne tarde pas à séduire la musique et construit une faena « mignonette » avec beaucoup de temple. Mais dans ce bel exercice il n’y a pas le moindre soupçon d’émotion… La mise à mort est quelque peu fastidieuse. Le nouveau matador saluait, mais il n’aurait pas perdu à combattre un toro de ce style, mais un peu plus piquant. Pour son dernier adversaire, il va convaincre le champion de France des sauteurs de la Course landaise de revenir en piste. « Makarel… » n’a pas pu retenir un coursayre au béret noit. Ce double saut périlleux valait le déplacement. !!! En suivant, comme il l’avait été sur son premier toro, Manuel Dias Gomes fut aussi précieux, précis et efficace dans ses véroniques pour réduire son adversaire. Manuel veut convaincre, mais très rapidement le Benjumea s’éteint et il devient de plus en plus difficile de s’exprimer.
Thomas Dufau toréait quasiment dans son jardin… Il devra lui aussi résoudre cette équation « comment convaincre avec un toro anodin, rhumatismal du train arrière ». Il commence à genoux, alterne sur les deux mains, une très belle faena, par moment de la broderie, mais toujours pas la moindre émotion, même pas une toute petite crainte qui vienne nous assaillir. Heureusement le garçon tue bien, gagne une oreille et tourne dans le ruedo avec son copain Manuel Lataste qui a sauté ce second toro. Un hommage rendu au torero. Lorsque Thomas revient, avec sa seconde série, on a l’impression que tout bascule… Mais ce ne fut qu’un feu de paille, vite éteint pour revenir dans une histoire triste et ennuyeuse où centimètre par centimètre il fallait extraire les passes de ce toro.
Juan Leal a été malchanceux et ce n’est pas son brindis à Victor Mendes qui lui permet de se sauver. Lui aussi sait toréer, il tentera, sans réussite, aux banderilles, de répondre à Thomas Dufau. Mais là aussi, à deux reprises il manquera l’émotion. Juan Leal est le perdant bien involontaire de cette journée.
On retiendra qu’une nouvelle arène est née sur notre chère planète des toros.
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol pour Torobravo