Alès
Un vrai novillero en piste
Matin : Novillos de Hermanos Jalabert pour
Manolo Vanegas : Ovation après un avis et Oreille
Louis Husson : Silence et Silence
La troisième fut primé de la vuelta el ruedo.
Pour cette matinale de mise en bouche, quatre novillos de Luc et Marc Jalabert et du Laget, de présentation correcte pour la catégorie, avec quelques pointes de faiblesse pour certains, nobles mais sans innocence.
Le jeune vénézuélien Manolo Vanegas est un garçon qui a l’esprit novillero (ça se fait rare), quelquefois un peu brouillon (normal à ce niveau) et avec une envie de « bouffer du toro », une volonté et un courage qu’on ne peut que louer.
Il accueillit le premier par quelques véroniques et revolera avant de le laisser dans les mains de son picador, Gabin Rehabi, montant un cheval en phase d’apprentissage. Premier charge sur un poulain qui prend la main à son cavalier et qui tourne quand il ne fallait pas, présentant le mauvais côté au novillo qui jette Gabin au sol et charge la monture heureusement très vite prise en charge par les monosabios d’Alain Bonijol, remarquables d’efficacité. Remis en selle, le picador se fera jeter au sol avec sa monture par un utrero qui prit la pièce montée par derrière et la retourna comme une crêpe. La troisième rencontre fut « normale ».
Manolo prit ensuite les bâtonnets pour deux poder a poder et un violin. Muleta en mains, le garçon débuta par passes hautes puis joua remarquablement du poignet pour deux séries droitières de bonne facture. A gauche le bicho se serra sur le garçon et commença à se défendre. Retour à droite pour quelques derechazos et final encimista face à un novillo qui part vers les tablas. Epée très en arrière. Palmas.
Le troisième mit correctement la tête dans les véroniques d’ouverture, puis fut mené au cheval par chicuelinas al paso et fixé par revolera. Après deux rations de fer prises en poussant, le pensionnaire de la Chassagne fut banderillé par Manolo à l’identique du premier. Désarmé sur le premier muletazo, le garçon revint au combat pour trois séries droitières engagées dont il sortit accroché. Chaquetilla enlevée, un petit coup d’eau sur le visage et le voilà reparti au feu pour de nouvelles séries droitières où l’on sentait planer le danger … et nouvelle voltereta pour le jeune homme. Derniers derechazos pour s’affirmer et un estoconazopour en finir. Longue lutte du novillo qui ne saurait justifier la vuelta accordée et oreille pour le pundonor du garçon.
Que dire de Louis Husson pour résumer deux prestations bien ternes, bien en-deçà de ce qu’on est en droit d’attendre d’un novillero confirmé. Quelques esquisses de véroniques au premier suivies de deux légères rations de fer, puis un quite par chicuelinas qui se termine par un accrochage, heureusement sans conséquences, mais qui peut-être compta dans la tête du garçon qui toréa ensuite avec beaucoup de précautions. Bien entamée genou fléchi, la faena fut composée sur le voyage d’un bicho qui plia les genoux à plusieurs reprises. Muleta tenue par l’extrémité, usage du pico et quelques muletazos corrects mais isolés, un ensemble sans grande consistance et fort décevant. Bajonazo pour le final, cinq descabellos. Silence.
Le quatrième était certainement le plus toréable du carré de novillos des frères Jalabert. Hélas il sembla boiter un peu après les premiers capotazos mais fut maintenu en piste malgré les protestations du public. La pique light fut donc de rigueur. Suivit à nouveau une (trop) longue faena avec beaucoup de muletazos mais bien peu d’engagement. Une trois-quart pescuecera (dans le cou) mit fin à notre pensum. Silence.
Photos de la novillada par Muriel Haaz : ICI
Escribano triomphe. Curro Diaz séduit.
Après-midi : Toros de El Pilar pour
Curro Díaz : Oreille et Silence
Javier Castaño : Silence et Oreille
Manuel Escribano : Oreille et Deux oreilles
Si le titre évoque une réalité brute (trois oreilles pour Manuel Escribano), il convient de nuancer le propos car la première oreille fut protestée et les deux oreilles au sixoème un poil généreuses.
Mettre une corrida d'El Pilar à l'affiche d'une feria qui se voulait jusqu'à présent torista, semblait un pari un peu osé. Les organisateurs l'ont en partie gagné au niveau du résultat comptable : cinq oreilles coupées. Au niveau des toros, le compte n'y était pas vraiment car les bichos, bien présentés, se sont comportés avec une certaine fadeur, enlevant un peu d'intérêt à la course. Rien à voir avec les Valverde de la veille.
Curro Diaz nous a encore régalés hier de son toreo précieux. Après quelques véroniques d'ouverture, son premier prit deux rations de fer, poussant sur la première, symbolique la deuxième. Initiant sa faena par passes hautes allurées, le torero de Linares baissa progressivement la main pour dessiner d'esthétiques derechazos, courant majestueusement la main, ceinture souple et poignet souverain. Deux séries de longues naturelles parachevèrent cette faena marquée du sceau de l'élégance et ornementée de détails aux arômes sévillans. Estoconazo au final et première oreille de la tarde.
La charge désordonnée du quatrième fut maîtrisée par un capote dominateur avant trois rations de fer d'inégale d'intensit, la deuxième sans mise en suerte. Intéressante faena de Curro Diaz qui, après les passes hautes d'ouverture, baissa d'entrée la main pour deux belles séries de derechazos avant de changer de corne pour deux séries de naturelles, bien la première, de moindre importance la seconde finissant désarmé. Après une série sur chaque bord, le final compliqué avec l'acier priva le garçon d'un second trophée jusque là acquis : pinchazo, pinchazo hondo, entière caida hémorragique.
Javier Castaño semble en perte de vitesse. A peine le vit-on dessiner une véronique et une demie à son premier qui prit trois rations de fer version light entrecoupées d'un quite d'Escribano par deux véroniques et demie. Bon second tiers d'Angel Otero et Fernando Sanchez applaudis. Bien doublé genou plié, le noble Pilar baissa de ton après deux séries correctes mais manquant un peu de consistance sur chaque corne. Il se laisse toutefois guider pour deux dosantinas puis acheva sa vie publique sur une trois-quart tendida hémorragique. Silence.
Le quinto au physique avantageux fut un peu protesté à son entrée pour ses cornes escobillées. Après quelques véroniques et deux piques au dosage homéopathique, le Pilar fut capté par Manuel Escribano pour un quite par trois chicuelinas et revolera. Bon second tiers à charge cette fois de Fernando Sanchez et Marco Galan, ce dernier clouant une belle paire dans le berceau (palmas). Peu piqué, le toro garda du jus au dernier tiers et permit ainsi à Castaño de composer des éries ambidextres dont certaines non dénuées d'une certaine profondeur quand le torero s'abandonna au plaisir de courir la main. Final par passes hautes en terrain réduit avant une entière en place complétée d'un descabello. Oreille.
Manuel Escribano (remplaçant Alberto Lopez Simon toujours convalescent) a animé la course avec son entrain habituel. Après quelques véroniques isolées et une longue pique, le torero de Gerena prit les bâtonnets pour deux poder a poder et un violin al quiebro réussi au troisième essai. Initiée par passes hautes suivies d'une série sur chaque main, la faena d'inégale intensité ne décolla jamais vraiment à cause de la soseria de l'opposition. Escribano tenta de baisser la main, y parvint plus ou moins, se faisant bousculer sans conséquences à la sortie d'une passe. entière caidita pour la conclusion et oreille protestée.
Le sixième fut accueilli par bonnes véroniques et revolera, prit une pique pompée sans mise en suerte, puis revint à la charge pour une courte seconde ration; Trois belles paires de banderilles d'Escribano applaudi précédèrent une faena où le garçon mit tout en oeuvre pour doubler la mise. Il alterna avec réussite les deux bords, se confiant parfois, templant correctement mais sans donner de réelle profondeur à son travail. Joli final par enchaînement dosantina-pecho-trincherilla puis entière caidita précédé d'un metisaca. Deux oreilles (généreuse la deuxième) et sortie a hombros du torero de Gerena.
Deux-tiers d'entrée. Soleil et vent quelquefois gênant.
Photos de la corrida par Muriel Haaz : ICI
Reseñas : Patrick Colleoni - Torobravo
Photos : Torobravo et Muriel Haaz