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Interview de Marc Serrano

 

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seulement deux courses. Le problème est qu'en Espagne il n'y avait personne pour le voir et j’avais besoin d’une corrida en France pour confirmer ma place et synthétiser la saison. Je crois que la corrida de Céret m'a permis ceci, d'autant plus que l'on connait la réputation sérieuse des courses qui sortent là bas. Cette date aura été un moment très important de la saison pour moi.

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MT : Quelles ont été les phases clés de ta carrière taurine ?

MS : Bien évidemment je dois parler de mon alternative, qui est représente l'aboutissement d’un rêve. Quand on est novillero sans picador, le jour où l’on doit mettre le costume de lumière, on ne voit pas cela comme une finalité mais comme un passage à une étape supérieure et un échelon à gravir. Je crois que l’alternative est l'étape la plus importante dans la carrière d'un torero et qu'elle symbolise énormément de choses. Sur un point de vue plus affectif, la corrida la plus importante à mes yeux a été en 2007, pour les 30 ans d’alternative de Nimeño*. Remettre les pieds dans les arènes de Nîmes, ma ville, après 6 ans d'absence et aux côtés de 6 toreros français, couper une oreille (la seule de la corrida) m'a vraiment permis de retrouver confiance en moi et m'a redonné de l'espoir.

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MT : Quelle a été la réaction de tes parents ?

MS : Ma mère ne voyait pas ça d’un très bon œil. Elle n’était déjà pas particulièrement aficionada, mais je crois surtout que ce n’est jamais rassurant pour une mère de savoir son fils torero. A 9 ans, en discutant avec des amis, j’ai appris qu’il y avait une école taurine à Nîmes et c'est à ce moment là que j'ai demandé à ma mère de m'y inscrire. Voulant s'assurer que ce n'était pas une lubie de ma part - ce que j'ai évidemment appris bien plus tard - elle m'a fait croire que l'âge minimum requis était de 12 ans. J'ai donc patienter, et à 12 ans, aux vues de mon insistance, elle a fini par accepter que j'y entre.

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MS : Au jour d'aujourd'hui, en tant que français et en tenant compte de la crise que nous traversons tous, je suis très fier de l’aficion française. Elle a su se développer et s’enrichir au fur et à mesure, et je crois même qu'elle peut désormais servir de véritable exemple. En Espagne, où j'ai eu l'occasion d'assister à plusieurs colloques de clubs taurins, beaucoup de questions importantes se posent autour de leur manière de développer la tauromachie et de la transmettre aux jeunes générations ; en France, de ce côté-là, nous avons réellement une longueur d'avance.

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MS : Non, je ne peux pas dire que j’ai un apoderado au sens strict du terme. Plusieurs personnes m'aident, et je suis effectivement en contact avec quelqu'un de particulier qui me donne un coup de main. Il est d'ailleurs possible que certaines choses se confirment et s’officialisent par la suite. Etre apodéré par quelqu'un serait une chance, mais il est vrai qu'aujourd’hui je n'ai pas trouvé la personne que j'intéresse et qui m'intéresse. Cependant, avoir un apoderado ne relève pas que de l'intéret : c’est aussi quelqu’un qui puisse te soutenir, te défendre et t'accompagner de la meilleure façon possible.

MT : Comment envisages-tu l’avenir ?

MS : Dans l’immédiat, ma position exige que je me projette à court terme. Je torée un festival à Béziers le 17 mars, j'ai ensuite quelques autres dates pour le début de saison mais je dois malgré tout relancer ma saison. Même si j'ai des objectifs sur le plus long terme, la réalité de la situation fait que je suis obligé de m'adapter contrat après contrat. J’ai beaucoup d’envie et d'espoir avec le début de saison qui s'annonce, et j'espère pouvoir créer un effet boule de neige qui m'apportera de nouveaux contrats. 

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Mundillo Taurino : Bonjour Marc. Tu as eu peu de contrats durant cette temporada mais tu as su saisir chaque opportunité qui s'offrait à toi. Tu as triomphé à chacune de tes courses sauf à Céret où malgré tout tu as laissé une bonne impression. Quels sont les secrets de ces triomphes ?

Marc Serrano : Pour ma part, même s'il est certain que je n'ai pas eu beaucoup de contrats cette saison, le bilan que j'en tire est plutôt positif. A Céret, même s’il y n’a pas eu de triomphe au terme de la corrida, ça reste une actuation importante et positive. L’oreille coupée au second toro a de la valeur aux yeux de l’aficion française et est en train de me servir pour confirmer ce qu’il s’est passé en Espagne, où j’ai coupé pas mal d’oreilles en   

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MT : Comment as-tu vécu cette temporada ?

MS : La temporada a relativement été positive mais le nombre de spectacle à  diminuer. En Espagne cette diminution s'est fait ressentir et je crois qu’on a perdu 30 % de spectacles dans l'année. Pour ma part aussi la saison a été un peu difficile parce qu'il y avait certain endroit où j'espérais pouvoir remettre les pieds.. Je fais notamment référence en France comme à Nîmes après le coup de corne de l’année précédente, où des promesses m'ont été faites et qui, malheureusement au dernier moment, n’ont pas été confirmées. C'est en celà que la temporada a été difficile pour moi. D’un autre côté, comme je le disais précédemment, sur un point de vue plus professionnel, la saison s'est révélée être intéressante et positive.

MT : Quelle est ta meilleure faena ?

MS : Sur un point de vue artistique, ma meilleure faena a été avec le deuxième toro de Pablo Mayoral à Villamanta. C’était un toro de Santa Coloma très intéressant, sorti brave avec beaucoup de transmission mais qui, comme un toro bravo, permettait très peu d’erreur. Sur un point de vue marquant, et qui m’a le plus apporté pour les yeux de l’aficion française, il s'agit bien sur de la faena réalisée à mon second toro de Prieto de la Cal à Céret.

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MT : Comment as-tu voulu être torero ?

MS : Je suis né à Nîmes, d’origine espagnole, mon grand père était très aficionado et il me parlait souvent de tauromachie. Il y avait avant une coutume à Nîmes qui permettait aux personnes sans place d'entrer aux arènes pour voir le sixième toro. Un jour de feria, et un peu par hasard alors que je devais avoir environ 7 ans, je me baladais autour des arènes avec ma mère et leurs portes se sont ouvertes. Ma mère m’a brièvement expliqué ce qu’il se passait, et toute cette agitation m'a donné envie d'entrer à l'intérieur. Depuis ce jour, où j’ai dû voir approximativement 3 minutes de la fin de faena, j’ai été subjugué par l’ambiance, par le torero, par l’animal et c’est à partir de là que j’ai eu envie d’y retourner. Puis, bien que ne me pensant pas capable de toréer, j'ai eu envie d'essayer et l'histoire à commencer ...

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MT : As-tu le souvenir de ta première rencontre avec un becerro ?

MS : Oui. A l’époque j’étais à l’école taurine, on s’entrainait les mercredi et samedi après-midi et au mois de janvier/février, l’école faisait venir dans les arènes de Rodilhan de petits veaux ou des vaches camarguaises. Je garde beaucoup d'images de cette période-là.

MT : Quel regard portes-tu sur la tauromachie et l’aficion française ?

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MT As-tu un rêve à réaliser, comme confirmer ton alternative à Madrid par exemple ?

MS : C’est bien sûr un de mes rêves, mais c’est surtout un objectif. J'ai à présent 12 ans d’alternative, je me sens prêt, et je crois que ce serait le bon moment. On a essayé d'organiser cet évènement pour 2012, mais ça n’a été possible. Des promesses m'ont été faites, on verra si elles se concrétisent par la suite. Ma confirmation d'alternative serait à priori plutôt envisageable en 2013, je croise les doigts pour que ce ne soit pas des paroles en l'air ...

MT : As-tu un apoderado ou es-tu en contact avec quelqu’un ?

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MT : Espères-tu avoir plus de contrats dans le Sud-Ouest et que les organisateurs te fassent plus confiance ?

MS : Oui, c’est vrai que dans le Sud-Ouest, il y a une grande et belle aficion, énormément de spectacles sont organisés et je n’ai jamais beaucoup eu l’occasion d'y toréer en tant que matador de toros. J’ai toréé quelques festivals mais à part la corrida que j'ai tué à Vic au mois d'août, je n'ai pratiquement jamais foulé le sable des arènes du Sud-Ouest. Pour 2013, cela fait également partie de mes souhaits.

MT : Merci beaucoup Marc, et mucha suerte pour la temporada 2013.

*23 Mai 2007 : 6 Toros de Torrenueva pour Michel Lagravère (confirmation d’alternative), Morenito de Nîmes, Swan Soto, Marc Serrano, Julien Lescarret, Jonathan Veyrunes.

 Propos recueillis par Anaïs Cazenave Photos : Alain Damie, Anthony Pagano, Laure Crespy, Nadège Lamathe et Pierre Planas

 


Date de dernière mise à jour : Mon 05 Jul 2021

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