Le coup de poker de Juan Bautista

Istres
Toros de Puerto de San Lorenzo, Victorino Martin, Jalabert Frères, Miura, La Quinta, Torrestrella pour

Juan Bautista en solitaire :

Ovation - 2 oreilles - oreille - oreille - 2 oreilles et la queue symboliques et silence

Le poker est un jeu de hasard auquel les joueurs les plus téméraires aiment se risquer puisqu'il est réputé pour sa finalité à double tranchant : soit vous gagnez la mise, soit vous vous retrouvez démuni de vos biens. A y réfléchir, un seul contre 6 ne serait-il pas comparable ? Même principe : des toros que l'on découvre à leur sortie du toril tout comme une carte que l'on découvre en la retournant ; même risque : celui de tout gagner ou de tout perdre. Et Juan Bautista a été un fin joueur puisqu'il a exécuté un coup de maitre ce samedi 15 juin en faisant le geste d'affronter seul 6 toros de ganaderias différentes.

Le toro des frères Jalabert qui sorti ensuite se blessa lors d'une vuelta de campana spectaculaire et fut remplacé par un sobrero d'Antonio Palla qui manquait de mobilité mais auquel le torero réussit à tirer des passes méritoires alors qu'il se réfugiait dans les planches. Une entière et un descabello. Oreille.

Probablement considéré comme l'un des adversaires les plus redoutables de cette après-midi, le toro de Miura - après cinq rencontres au cheval - s'avéra être un animal noble qui demanda au torero camarguais de faire une nouvelle fois étalage de sa technique. Recibir et descabello. Oreille.

Reseña et photos : Laure Crespy

Encerrona de différentes ganaderias : Puerto de San Lorenzo (1°- juste de forces), Victorino Martin (2° - récompensé d'une vuelta al ruedo), Jalabert Frères (3° - changé suite à une vuelta de campana), Antonio Palla (3° bis - sobrero, rajado), Miura (4° - noble), La Quinta (5° - "Golosino" n°47, indulté) et Torrestrella (6° - soso). A l'issue du paseo, Juan Bautista s'est vu remettre la médaille de la ville des mains de François Bernardini, maire d'Istres et de Bernard Marsella, organisateur de la feria. Tito Sandoval a été désigné meilleur picador de l'après midi pour sa prestation face au toro de Victorino Martin, tout comme Curro Robles, proclamé meilleur banderillero pour sa performance face au toro de Miura.

En ouverture de l'après-midi, c'est un exemplaire du Puerto de San Lorenzo qui est apparu sur le sable des arènes du Palio d'Istres. Juan Bautista, avec aplomb et technicité, fut contraint de toréer à mi-hauteur son adversaire afin de ménager au maximum les forces de ce dernier. Un tiers de lame et descabello. Ovation.

L'exemplaire de Victorino Martin qui sorti en deuxième position, magnifiquement présenté et honoré d'une vuelta al ruedo posthume, était un toro noble, chargeant à répétition et avec classe dans le leurre de l'arlésien. Celui-ci réalisa au cours d'une faena complète de bonnes séries de muletazos qui lui permirent d'obtenir les deux premiers appendices de la journée.

Alors que la partie avait déjà bien commencé, la donne continua à servir favorablement le torero au moment de la sortie de Golosino, exemplaire du fer La Quinta. Juan Bautista l'accueillit d'abord à la cape avec inspiration avant de lui-même poser trois paires de banderilles réussies. Après avoir brindé sa faena au maire de la ville, il entama sa faena par une série de doblones qui lui permirent de conduire son adversaire au centre de piste avec goût. L'animal répétant avec classe ses charges longues et sincères, l'arlésien en profita pour dessiner des muletazos profonds et suaves qui enchantèrent le public. L'écho de l'indulto atteignit son amplitude maximale au cours d'une série de naturelles templées, et la présidence finit par accorder la grâce de ce fameux cinquième toro de l'après-midi. Deux oreilles et la queue symboliques.

Il parait ensuite difficile - une fois le précieux As sorti - de tirer une nouvelle carte de la même catégorie. Et malheureusement, le toro de Torrestrella qui sortit en dernière position ne fut pas à la hauteur. Manquant de forces et chargeant au ralenti, il laissa le torero arlésien sans aucune option. Silence.

Toutes les cartes ayant été abattues, l'heure en venait aux résultats : 6 oreilles et la queue symbolique ... Juan Bautista aura donc remporté haut la main la mise qu'il avait osé jouer et le défi personnel qu'il s'était lancé.